Non, Jef, t’est pas tout seul. (Petite allusion à Jacques Brel 1964).
Ce n’est pas non plus le blues de l’auditeur interne (selon le blues du dentiste 1958).
L’Association des Auditeurs et Contrôleurs Internes de Madagascar (AACIM), regroupant des auditeurs internes professionnels, a organisé une conférence-débat sur ses activités. Focus sur les ficelles de ce métier.
Un poste clé au sein d’une entreprise. Souvent mal vu, et cible de toutes les critiques, l’auditeur interne est pourtant nécessaire au bon fonctionnement d’une entreprise.
« La mission principale d’un auditeur interne est de veiller au respect des procédures.
Celles-ci étant, en général, décidées et mises en place par la direction », explique un auditeur interne.
Le métier d’auditeur interne n’est pas assez explicité en général. Il y a souvent confusion entre différentes fonctions de contrôle : « audit interne », « contrôle interne », « contrôle qualité » et « contrôle de gestion ». Ce constat provient pour une part de contenus de documents, que j’ai eu à connaître, et d’autre part d’entretiens que j’ai mené avec des membres du management.
Je vous soumets un exemple extrême. J’ai proposé une fois l’implantation d’un système de contrôle interne au sein d’un département d’une entité. La réponse que j’ai obtenue de la direction a été : le contrôle de gestion me suffit. Et ceci, ne semblait pas « choquer » le responsable de l’audit interne.
Dans le secteur bancaire, nous sommes en présence d’une cohabitation au sein des grands établissements :
- l’inspecteur bancaire (contrôle périodique) qui .n’intervient pas uniquement en temps de crise financière ou après des malversations : il contrôle régulièrement les établissements bancaires pour s’assurer que les procédures sont respectées à la lettre. Il peut être amené à apporter un jugement professionnel sur des collaborateurs de l’établissement. L’avantage: A la grande variété des missions s’ajoute la possibilité de découvrir tous les rouages d’une banque. L’inconvénient : L’inspecteur de banque se sent parfois isolé face aux autres membres du personnel, notamment lorsqu’il relève des fautes ou des irrégularités.
- l’auditeur interne (contrôleur périodique) doit s’assurer du bon fonctionnement des activités commerciales et opérationnelles de la banque ainsi que de ses fonctions supports (gestion des ressources humaines, comptabilité, gestion des systèmes d’information…).
L’auditeur interne a également en charge l’évaluation du dispositif de contrôle interne (contrôle permanent) mis en place au sein de la banque.
Bien qu’il semble y avoir une certaine ressemblance de mission, une différence existe entre les deux fonctions.
Dans les autres secteurs (hors public), l’audit interne est en première ligne avec en parallèle un département/service Sécurité. L’auditeur interne a pour mission d’aider l’entreprise à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses processus de management des risques et de contrôle interne, son organisation, et en faisant des propositions pour renforcer son efficacité.
Ponctuellement (conseil), les auditeurs internes peuvent, en dehors de leurs missions d’audit, accompagner les opérationnels dans la mise en place de nouvelles procédures. Ils peuvent notamment animer des formations à de nouveaux outils de gestion, assurer le transfert de compétence de la culture du contrôle interne, ou opérer une mission d’évaluation des organisations internes pour optimiser le fonctionnement. Les auditeurs internes peuvent aussi mener des audits juridiques. Ces missions consistent à faire la revue de tous les contrats de l’entreprise signés et en cours vis-à-vis des fournisseurs, prestataires de services…, évaluer l’engagement financier correspondant et évaluer les risques juridiques éventuels pour non-conformité des obligations. Mais attention : ne pas se mettre en porte à faux pour ne pas se retrouver dans une situation dite « juge et partie », ce qui enlèverait toute crédibilité à l’auditeur interne.
Dans le secteur public (administration), l’audit interne se situe dans un contexte marqué par la mise en œuvre de la mission d’assistance au Parlement de la Cour des comptes dans l’évaluation des politiques publiques. Le décret du 28 juin 2011 consacre la professionalisation de la démarche d’audit interne public (par les normes, la formation, le recrutement, l’évaluation externe). Elle doit être complétée par une collaboration étroite entre audit interne, audit externe et comité d’audit grâce à des outils spécifiques et à l’échange des documents de travail.
Mais le plus crucial à mon avis, c’est la problématique humaine. En France, l’audit interne est parfois perçu par les collaborateurs comme une entité de contrôle, de surveillance, au sens strict du terme, dédiée à la gouvernance et non comme une aide au pilotage stratégique. Est-ce aussi dû au fait que nous vivons dans une société de culture de la performance et, donc, de l’évaluation ?
En dehors de toute sensibilisation et séances de présentation/d’information auprès des collaborateurs d’une entreprise, il est nécessaire de mettre en place un « lien » entre les auditeurs, les contrôleurs et les collaborateurs de toutes les autres fonctions de l’entreprise. Il s’agit d’un lien transversal, grâce à un outil, incluant les travaux de l’audit interne, les éléments de l’animation du contrôle interne ou contrôle permanent (veille, informations, formation/sensibilisation, communication interactive top-down et bottom-up…) et l’organisation. Cet outil doit être convivial de manière à ce que chaque collaborateur puisse et, surtout ait envie, de se l’approprier.
C’est une des méthodes pour développer une culture du contrôle interne, de créer un échange constant, malgré les interventions périodiques, afin d’améliorer les relations audités/auditeurs et vice-versa. Lire la suite →